Le numérique a été pendant longtemps vu comme une alternative pour une consommation plus responsable, pour autant sa surconsommation peut amener à certaines limites écologiques.
En effet, selon le dernier rapport d’ArchiMag, le numérique mondial représente 4% des gaz à effet de serre.
Par ailleurs, le stockage des données est à lui seul capable de générer des émissions à hauteur de 14 % à l’horizon 2040 (Source Le Big Data)
Pour réduire cette empreinte carbone, la notion de Green IT est apparue pour valoriser les initiatives en faveur du développement durable et lutter contre cette pollution numérique.
Le Green IT représente un ensemble de technologies de l’information et de la communication qui vise à réduire l’empreinte carbone et participe à atteindre des objectifs du développement durable.
La transition digitale est en cours, favorisant des usages toujours plus numériques, et accélérant le nombre de données quotidiennement, alors comment responsabiliser les entreprises sur les conséquences écologiques de leur transformation ? Quels rôles peuvent-elles avoir pour réduire la pollution numérique ? Comment favoriser le green IT ?
La pandémie du Covid a accéléré les usages numériques : visio, e-commerce, télétravail, travail collaboratif, cloud….
Grâce au cloud, les entreprises ont pu continuer leurs activités « presque » à la normale en ayant accès aux données depuis n’importe où et depuis n’importe quel device. Il a également permis la fluidité des échanges de données et la continuité du travail collaboratif entre les salariés.
D’un point de vue écologique, l’utilisation du cloud a également permis :
Une étude a montré que le passage des applications logicielles traditionnelles On-Premise vers leur équivalent Cloud permettrait de réduire la consommation d’énergie de 87%[1]
Le cloud, parfois affilié à du green washing [2] peut apporter une certaine limite à la consommation énergétique des entreprises.
Les data centers sont indispensables pour le stockage de milliards de données cloud. Pour autant, ils consomment énormément d’électricité car ils tournent en continu et sont une grande source de chaleur.
La climatisation et les systèmes de refroidissements représentent 40 à 50% de la consommation énergétique des data centers (Source : planetoscope)
D’autant plus qu’avec l’utilisation exponentielle des outils collaboratifs et du travail hybride, la consommation énergétique risque d’augmenter considérablement au regard de la massification de partages de données et de bande passante nécessaire pour rendre accessible les services 24/7 (visio-conférence Teams, Fichiers SharePoint et OneDrive).
Si internet était un pays, il serait le troisième consommateur d’électricité après la Chine et les Etats-Unis (Source Ademe)
En 2018, La Plateforme RSE a mis en place un groupe de travail portant sur la « Responsabilité numérique des entreprises » (RNE). Il a pu établir de nouveaux questionnements et enjeux sur la responsabilité numérique des entreprises.
La Responsabilité Numérique des Entreprises inclut la notion de :
Schéma de la RNE
La dimension écologique prend une place de plus en plus importante au sein des entreprises.
85% des salariés indiquent que les entreprises sont à même d’agir en faveur de la cause environnementale tout en favorisant le progrès technologique. [4]
La transition écologique peut s’opérer à tous les niveaux et départements d’une entreprise : RH, Marketing ou encore les équipes IT, en charge de tous les équipements bureautiques, de la gestion et sécurité des données et des logiciels et outils numériques mis en place dans l’entreprise.
Le CRIP a établi un baromètre[5] mettant en avant la volonté de 2/3 des DSI de faire du numérique responsable un enjeu majeur au sein de leurs entreprises, pour autant la collaboration entre équipes IT et RSE reste encore faible. Comme les bonnes pratiques sécurité sur les outils collaboratifs, il reste important de faire des campagnes de sensibilisation auprès des collaborateurs sur les écogestes IT.
Pour cela, il est important d’adopter tout d’abord des actions individuelles pour améliorer la sobriété numérique dans l’usage exponentielle de données cloud.
Afin d’optimiser le temps de chargement de la donnée, il est possible pour un collaborateur de mettre en place quelques bonnes pratiques.
Les mails professionnels d’une centaine de salariés sur une durée d’un an revient à 13 allers-retours Paris-New York (source ADEME).
Les documents enregistrés sur les ordinateurs consomment énormément de mémoire et d'énergie et peuvent alors le ralentir, d’autant plus s’ils sont sur le bureau. Chaque collaborateur devrait trier et supprimer les données dont il n’a plus besoin pour gagner en espace et éviter de conserver de la donnée inutile.
La transition numérique a révélé plusieurs interrogations sur son impact écologique notamment avec l'utilisation du cloud et des outils collaboratifs. Certaines organisations commencent à se pencher sur leurs responsabilités numériques et écologiques.
Le géant Microsoft notamment, qui travaille sur le projet Natick afin de créer des datacenters sous-marins afin de refroidir leurs serveurs de façon écologique.
A plus petite échelle, chaque collaborateur peut participer au dispositif écologique de son entreprise en ayant en tête des bonnes pratiques Green IT pour favoriser la sobriété numérique.
[1] Etude Lawrence Berkeley National Laboratory and Northwestern University
[2] Méthode marketing consistant à communiquer auprès du public en utilisant l'argument écologique de manière trompeuse pour améliorer son image
[3] Stratégie.gouv.fr
[4] Livre blanc « Construire la sortie de crise : quelles sont les attentes des Français vis-à-vis de l’entreprise ? » réalisé par FreeThinking et Viavoice à l’initiative de Mazars (juin 2021)
[5] Baromètre CRIP et le cabinet TNP centré sur la responsabilité de la DSI dans la stratégie RSE de l’entreprise – 70 entreprises interviewées